Delicious brains au Mur Oberkampf. Des images sous-titrées.

L’association le M.U.R. invite toutes les deux semaines des artistes à peindre le mur, spot désormais incontournable des Parisiens amateurs de street art. Dans la seconde semaine d’un janvier 2019 froid et pluvieux, un artiste dont j’ignorais tout, y compris le nom étrange a peint une fresque qui, m’a interrogé. A l’aide de quelques photographies, je vous invite à découvrir une oeuvre forte, hermétique au premier abord, belle et étrange.

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La fresque est entourée de noir : le noir des nuages en forme d’arc, le noir de ce qui est sous le « tapis » de verdure. Nuages et déchets cernent une allégorie dont l’actrice principale, le sujet de l’oeuvre, reprend  les couleurs sombres, des gris et des noirs. La forme humanoïde située dans un point fort de la composition est composite : elle est constituée de maisons, de pierres, d’éléments d’architecture urbaine bizarrement agencés. Cet être sans visage est enchaîné et ses pieds sont des chars d’assaut peints d’un vert tout militaire. L’être hybride entouré de dragons soulève le « tissu » végétal pour glisser « sous le tapis ce qu’elle veut cacher. 

Le monstre urbain n’a pas « figure humaine ». Le visage est un trou dans lequel nous voyons des « objets » technologiques, peut-être, qui concourent à mettre l’accent sur l’inhumanité de la créature. Cet empilement grotesque issu du « sous-sol » est une image fantasmée de la Ville, Une « Ville monstre ».


La Ville est encadrée par deux dragons volants. En fait, de drôles de créatures : un corps de serpent, un livre ouvert en guise d’ailes. Un petit personnage chevauche le dragon. Un uniforme de soldat qui renvoie aux tanks des pieds. C’est un squelette animé de vie qui aiguillonne cette Bête tirée de l’Enfer de Bruegel.

Un second dragon, sur le côté gauche de la Ville fait pendant. La mort rôde. Elle entoure la Ville, la cerne, renforçant la thématique de la monstruosité et de la mort.

La Ville, monstre dressé et menaçant comme un Godzilla tout droit sorti des imaginaires de cinéastes de séries B, détruit une nature baignée dans une lumière de rêve, un paysage fait de montagnes, de palais, de souriantes constructions et de palmiers. Les jaunes, les verts et les orangés dominent dans un paysage essentiellement naturel qui intègre les maisons des Hommes.

La Ville monstre cache ses morts sous le tapis riant d’une ville paradisiaque.

Delicious brains nous donne à voir une version moderne des allégories médiévales. La Ville, toutes les grandes villes, sont inhumaines, nous dit l’artiste. Elles sont aussi des monstres criminels qui cachent leurs victimes à la vue. L’artiste, joliment, peint une scène d’apocalypse. Une fable écologique.

2 commentaires sur “Delicious brains au Mur Oberkampf. Des images sous-titrées.

  1. J’aime beaucoup votre blog. Un plaisir de venir flâner sur vos pages. Une belle découverte et blog très intéressant. Je reviendrai m’y poser. N’hésitez pas à visiter mon univers. Au plaisir.

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    1. Je suis très touché par votre commentaire. Grand amateur de photographie, j’irai découvrir votre univers. Modestement mes photos de street art sont davantage des « captations », des mises en mémoire , la fixation sur des pixels d’une réalité que j’aime commenter. Reste qu’une photographie de street art pourrait exister. Bien cordialement. RT

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