Androïds

Les automates pendant des siècles ont émerveillé les Hommes et leurs lointains successeurs, les robots,[1] ont suscité l’étonnement et la curiosité.

Il est vrai que les robots du 21ème siècle sont par bien des aspects différents des robots imaginés au début du 20ème. Ils ont bien peu à voir avec les personnages de Karel Čapek ou d’Isaac Asimov. Les robots, à l’origine personnages de romans, sont devenus des machines qui ont intégré des technologies qui se sont développées pendant un peu plus d’un siècle. Les robots sont aujourd’hui définis comme des dispositifs mécatroniques qui allient mécanique, électronique et informatique. Ils sont conçus pour accomplir automatiquement des tâches imitant ou reproduisant des actions humaines. Ce sont des machines qui n’ont pas figure humaine.


[1] Le terme robot apparaît pour la première fois dans la pièce de théâtre (science-fiction) R. U. R. (Rossum’s Universal Robots), écrite en 1920 par l’auteur Karel Čapek1. Le mot a été créé par son frère Josef à partir du mot tchèque « robota » qui signifie « travail, besogne, corvée ». Source Wikipédia

L’objet de mon billet n’est pas de parler de ces machines mais bien plutôt de l’imaginaire des robots humanoïdes dans le street art occidental.

 La figure du robot humanoïde a essaimé sous des formes diverses dans de nombreuses disciplines artistiques.

Aussi n’est-il guère étonnant que les street artistes aient décliné à l’envi la figure du robot humanoïde, l’androïd. Le plus souvent les sources iconographiques des fresques de street art sont des copies des personnages de robots échappés des blockbusters étasuniens ou des mangas japonais. Un exemple supplémentaire s’il en fallait un du soft power américain et de la diffusion d’une culture mondialisée.

À vrai dire ce ne sont pas ces représentations standardisées qui m’intéressent. D’autres représentations récentes m’intéressent bien davantage.

Décrire ces représentations n’est pas chose facile.

Nous voyons un visage recouvrant une machinerie. Le visage peint de manière réaliste évoque un être vivant, le plus souvent une femme. La machinerie est composée d’une foultitude de pièces qui ressemblent à des pièces mécaniques, électriques et électroniques. On devine que l’objectif de l’artiste est de rendre compte par l’accumulation de la complexité de la machinerie.

Sans aucune ambigüité, les artistes créent des œuvres de fantaisie qui empruntent les codes graphiques des illustrations de science-fiction et de  fantasy.

La forte occurrence d’un tel sujet interroge.

Doit-on y voir un jeu de l’esprit dans la symbiose entre le vivant et l’inanimé traduisant la synthèse entre la technique et l’organique ? Voire le « grand remplacement » de l’organique par la technique ?

Je pense que ces œuvres présentes uniquement en Occident s’inscrivent dans un « bain » culturel » qui explique l’émergence des représentations d’androïds.

Un contexte culturel marqué par les progrès rapides et étonnants de l’informatique et de l’intelligence artificielle. Contexte marqué également par la circulation d’idées neuves et, au sens propre, révolutionnaires : le remplacement de nos organes par des machines voire la diffusion de théories transhumanistes.

Nous baignons tous, en Occident, dans un tel bain où rien ne semble, dans un futur proche, impossible. Y compris remplacer le plus complexe de nos organes, le cerceau, par une machine.

Un contexte culturel marqué par les progrès rapides et étonnants de l’informatique et de l’intelligence artificielle. Contexte marqué également par la circulation d’idées neuves et, au sens propre, révolutionnaires : le remplacement de nos organes par des machines voire la diffusion de théories transhumanistes.

Nous baignons tous, en Occident, dans un tel bain où rien ne semble, dans un futur proche, impossible. Y compris remplacer le plus complexe de nos organes, le cerceau, par une machine.

Les œuvres de street art traduisent une peur diffuse d’un avenir que notre raison et notre imagination ont toutes les peines du monde à entrevoir. Les artistes sont en cela semblables à tout un chacun. Par contre, artistes, ils créent des images pour nous faire partager leur imaginaire du futur. Des images savamment composées et belles qui mettent en évidence la maîtrise technique de l’artiste.