Les illusionnistes : 3D et trompe l’œil.

Comment réfléchir au trompe l’œil et à la 3 D dans le street art sans avoir à l’esprit le tableau de Magritte représentant une pipe et sur lequel il a écrit sous forme de légende : « Ceci n’est pas une pipe. »

Le titre, souvent oublié, du plus célèbre tableau du peintre belge, pourrait servir d’exergue à ma chronique : « La Trahison des images ».

Les œuvres qualifiées de fresques 3 D font florès et se confondent avec les trompe l’œil, genre pictural dont les origines se perdent dans la nuit des temps. Les street artistes consciemment ou non perpétuent un genre ancien en en renouvelant ses thématiques.

Le trompe l’œil représentant par exemple sur un mur aveugle une façade d’immeuble continue à exister et sa réalisation est le fait d’entreprises spécialisées de décoration extérieure. C’est un bel artisanat qui sans aucun doute contribue à embellir nos villes. Il fait florès un peu partout dans notre pays, le plus souvent objet de commandes publiques pour rappeler le passé du village ou du bourg.

La 3 D se distingue du trompe l’œil par le sujet abordé. Dans les deux cas, il s’agit de tromper les sens du « regardeur ». Abuser non pas le regard, l’œil voit ce qu’il voit, mais notre intelligence. Les artistes pour atteindre cet objectif utilisent des « artifices ». Citons-en quelques-uns : d’abord et surtout la perspective qui crée l’illusion de la profondeur et le volume, ajoutons le réalisme de la réalisation, les ombres et lumières etc.

La confusion entre le réel et l’illusion crée chez le « regardeur » des émotions et c’est précisément ce que recherche l’artiste.

Elles sont diverses et dépendent du sujet de la fresque mais leur point commun est l’étonnement, la surprise. Ces émotions résultent de la création d’images figurant des objets du réel, des images représentant des scènes qui ne peuvent exister dans notre monde. D’abord en représentant des objets dont la taille dépasse et de beaucoup les limites ordinaires. Ensuite, en associant des images « impossibles » : par exemple, une girafe ayant élu domicile dans un immeuble, un arbre traversant la façade d’une maison. Enfin, en créant des formes qui ne peuvent exister : des façades courbes ou percées d’immenses ouvertures laissant voir le ciel.

Je reconnais aux auteurs de ces fresques 3 D d’indéniables compétences techniques et une fertile imagination.

 Elles pourraient être des illustrations de la citation d’Isidore Ducasse, dit comte de Lautréamont, dans « Les chants de Maldoror » : « Beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie. » En somme, des œuvres surréalistes.

 Force est de constater que ces fresques recherchent le plus souvent les effets et le spectaculaire au détriment du message. Elles deviennent par leur très travaillée étrangeté des attractions.